Je m'appelle Aimée - Variations
Variation 1 : Au bord du monde
Variation 2 : Le septième jour
Editions Théâtrales Jeunesse - 2017
- Aimée est une fille forte… enfin, elle est grosse, quoi. Et elle veut mourir. Elle demande au marchand de cercueils un contenant funèbre pour obèse. Mais grâce à un frère avec qui la complicité succède aux chamailleries, à un amoureux tout aussi rond et à une grand-mère qui arrondit les angles, cette adolescente au caractère bien trempé empruntera le long chemin de l’acceptation de soi. Comme un musicien qui développe son thème, l’auteur fait évoluer les personnages au fil de deux textes qui se répondent. Au cours des deux variations qui composent ce volume, Aimée va mûrir et dépasser les embûches d’une société anxiogène.
Avec un humour tendre et une joie inoxydable, Henri Bornstein évoque l’autre et la différence, et croque une galerie de personnages colorés.
L’univers d’Henri Bornstein est ancré dans le réel et ses aléas mais la proximité de l’auteur avec la musique entraîne son écriture vers une poésie sonore du texte. La dramaturgie de l’auteur est ainsi simple en apparence, faite de répliques qui fusent et se répondent, mais qui sait aussi interrompre ce flot pour provoquer des ruptures de rythme et devenir, ainsi, plus ample, offrant aux personnages (et de fait aux acteurs) une partition forte, pour des moments de soliloques, voire d’introspection. De plus, s’émancipant d’un déterminisme social exigu, ses personnages dépassent toujours ce à quoi ils étaient assignés.
Henri Bornstein crée ainsi une galerie de personnages haute en couleur, s’interrogeant toujours sur la différence et sa négation, sur l’autre et son refus. Les figures centrales des textes, fabriquées par cet auteur, sont toujours dans le questionnement du monde, le doute mais aussi l’ouverture : de l’adolescente de Mersa Alam, jusqu’à Aimée, en passant par Anton et Lucie, ainsi qu’Arcan, ces jeunes gens de fiction portent un regard humaniste sur la société et s’étonnent que cette dernière leur renvoie un visage bien souvent sombre. Par l’épaisseur de leurs caractères, leur absence d’univocité, ils représentent des entités aptes à déclencher une identification chez les lecteurs et les acteurs.
Pierre Banos
Les mots d’Aimée
Il arrive parfois des choses étonnantes. Des événements qui forcent à réfléchir. Des situations qui suggèrent à l’auteur de chercher à comprendre ce qu’il a écrit. À qui appartiennent les personnages qu’il prétend créer ? Un jour, Aimée m’a demandé: «Es-tu bien l’auteur que tu prétends être ?» Je croyais la réponse facile, mais je me trompais. Peut-être n’avais-je été que celui qui écrivait, sa plume ?